LES ORCHIDÉES D'EUROPE

Rapport d'excursion
 

 

Rapport d'un voyage

à la recherche d'Orchidées

en Sicile

en avril 1999

rédigé par le Dr. H. Zelesny.

 

Partie V

 

Traduction : Jacques Favre et Patrick Veya, mars-avril 2001

 

Mercredi 14 avril.

Le but d'aujourd'hui est la région de Palerme. Pour une fois nous aimerions découvrir d'autres espèces d'orchidées qui sont différentes de celles du sud. Nous espérons par-dessus tout trouver l'Ophrys pallida, qui se trouve seulement dans le nord-ouest de l'île, ainsi que le splendide et rare Ophrys explanata. Nous partons à 7 heures par un temps ensoleillé et calme. Alors que nous roulons sur la route départementale de Buccheri à Catania, nous voyons pour la première fois l'Etna sans nuage, grandiose et impérial. Au premier plan, des orangers : c'est une vue très typique de la Sicile.

 

 

Orchis lactea

Orchis lactea est répandu en Sicile et pousse souvent en compagne d'Orchis longicornu. La plupart des individus ne sont pas aussi imposant que celui-ci.

 

Romulea bulbocodium

Les fleurs de Romulea bulbocodium ne sont pas très grandes et difficiles à trouver.

 

Dans la région d'Enna, il est clair qu'il y a dû y avoir des gelées exceptionnelles cet hiver. Les feuilles de presque tous les eucalyptus sont brunes : c'est triste à voir. Nous nous dirigeons vers le Monte Catalfano qui se trouve au nord de Bagheria. Nous avons en effet une donnée vague d'Ophrys explanata qui se trouverait au pied du Monte Catalfano. Le chemin se fait péniblement jusque là. Nous aboutissons finalement sur un petit chemin, qui monte à une carrière et quelques baraques de week-end. Nous prospectons une petite pinède proche dans les alentours. C'est probablement un terrain d'expérimentation de l'administration des eaux et forêts. Le palmier local et unique du bassin méditerranéen, Chamerops humilis, est carrément cultivé sous la protection du bois de pins. Des orchidées, il n'y en a pas beaucoup. Malheureusement, pas de trace d'Ophrys explanata ! Cela ne fait rien, on ne peut pas tout avoir.

Nous roulons ensuite en direction d'un lieu connu où pousse le rare et endémique Ophrys pallida. Nous suivons les traces d'une indication vieille de 23 ans (!) et trouvons immédiatement l'endroit. Mais, notre espoir est déçu, car des veaux et des moutons pâturent dans la forêt de frênes (Fraxana ornus). Où les orchidées peuvent-elles encore survivre ?

 

Paeonia mascula

En Sicile, il existe une très large variété de formes naturelles chez Paeonia mascula.

Notre curiosité est trop grande malgré nos estomacs qui crient famine. Si seulement nous pouvions trouver Ophrys pallida, alors nous pourrions songer à manger. Déjà, après quelques mètres, nous trouvons le premier, en pleine floraison. C'est pour ainsi dire notre apéritif. Il y a donc encore quelques orchidées par ici. Mais, les clochettes des animaux de pâturage à proximité nous dérangent. Avant que les derniers restes des orchidées ne soient mangés - un scénario d'horreur pour chaque amoureux d'orchidées - nous voulons faire au moins quelques photos. Nous trouvons encore une friandise botanique dans l'herbe au bord du chemin : le magnifique Romulea bulbocodium.

 

A la recherche de Cyclamen repandum, nous poursuivons notre route dans une forêt où les chênes prédominent. Nous voulons photographier les cyclamens les plus beaux, et là, nous découvrons à notre grande surprise quelques pivoines fleurissantes, Paeonia mascula. Les plantes sont bien exposée à la lumière, grâce au soleil qui brille au travers des arbres clairsemés.

 

Notre route se poursuit sur Piana degli Albanesi. Nous avons été avertis que cette région est réputée pour son taux élevé de criminalité ; nous n'avons toutefois pas l'impression d'être en danger, mais nous avons tout de même verrouillé portes et coffre, et limité nos stationnements au minimum. Notre but est la découverte d'Orchis brancifortii signalé par exemple vers une petite chapelle peu avant Piana sur le chemin menant à Palerme. Nous ne le trouvons pas malgré des recherches intensives. La station ressemble beaucoup au plateau du Monte Gargano où il est étroitement apparenté à Orchis quadripunctata. Robert découvre quelque chose que nous n'avions même pas osé imaginer de trouver à cette époque de l'année : un Orchis collina en pleine floraison! Encore une nouvelle espèce à notre actif. Nous nous demandons pourquoi il est encore en pleine floraison.

 

Fresia ??

Une plante qui nous a donné du souci : s'agit-il d'une forme naturelle de nos Fresia sp.? La flore italienne répond : non.

Ophry lutea et Ophrys sicula

Ophrys lutea (droite) et Ophrys sicula (gauche)

Nous souhaitons atteindre Paso di Sagana ou selon la littérature poussent de nombreuses Orchidées. Ces renseignements datent de 15 ans déjà ! Après exploration, nous constatons que ce site ne mérite plus sa réputation. Il est quasi urbanisé avec la construction de nombreuses villas et les parcelles herbeuses intermédiaires sont bien broutées par les moutons.

Finalement, nous ne sommes pas très contents de notre journée. Le bénéfice de 685 kilomètres de voyage nous apparaît plutôt maigre. Mais, il y a justement des jours sans et des jours avec. Il est vrai que les jours précédents nous avons été copieusement gâtés. Retour à l'hôtel à 9 heures du soir.

 

suite en partie VI

 

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