LES ORCHIDÉES D'EUROPE |
||
Rapport
d'excursion
|
Rapport d'un voyageà la recherche d'Orchidéesen Sicileen avril 1999rédigé par le Dr. H. Zelesny.Partie VIIITraduction : Jacques Favre et Patrick Veya, mars-avril 2001 |
||
Samedi 17 avril C'est malheureusement notre dernier jour. Alors qu'hier, en fin de journée, le sirocco soufflait (vent chaud et chargé de sable provenant du Sahara) et réduisait considérablement la visibilité, aujourd'hui le temps est magnifique et propice pour une excursion vers l'Etna. Après avoir réglé la note de notre hôtel (soit 65 DM/jour en demi-pension), nous empruntons l'autoroute direction Palerme, jusqu'à la sortie Motta Sant Anastasia. Peu avant Belpasso, à droite de la route, nous notons : Ferula communis (Aneth géant), Euphorbia dendroides et Serapias vomeracea (très nombreux).
|
Sur le chemin du sommet de l'Etna, vue sur les champs de lave au-dessus de Catania. |
|
En montant, nous observons l'Etna en éruption. De la lave surgit des cratères latéraux et nous respirons l'odeur du soufre à plein nez. Nous voulons trouver encore aujourd'hui au moins deux spécialités botaniques. Il s'agit de Dactylorhiza romana et la violette de l'Etna, Viola aethnensis ssp. aethnensis, du groupe de Viola calcarata. Quelle n'est pas notre joie de trouver la première violette au Sud du Refugio, dans la couche d'herbe encore brune !
|
||
La violette de l'Etna ne pousse nulle part ailleurs qu'ici.
|
Alors qu'en altitude les genêts sont encore dépourvus de feuilles, les châtaigniers et les hêtres apparaissent au fur et à mesure de notre descente. À une bifurcation, juste après quelques baraques, nous nous arrêtons pour faire une photo de paysage. C'était encore une fois une bonne idée, car nous découvrons quelques beaux groupes de violettes de l'Etna à gauche de la route. Et en plus de cela, nous trouvons un exemplaire d'un jaune clair. Il est intéressant de remarquer au passage l'existence d'une deuxième violette endémique à la Sicile, Viola nebrodensis, qui comme son nom l'indique, pousse dans les Nebrodies. Il est surprenant que chaque massif montagneux ait sa violette endémique !
|
|
Dans un petit bois situé à côté d'un domaine privé, entouré d'un mur en béton surmonté de tessons de verre, nous croyons reconnaître de loin Dactylorhiza romana. Nous constatons avec surprise qu'il doit s'agir dans la plupart des cas d'hybrides entre Dactylorhiza sambucina et Dactylorhiza romana. Nous trouvons seulement quelques exemplaires isolés relativement purs, aux fleurs rouges, que nous pouvons déterminer comme Dactylorhiza romana. La couleur rose tendre des fleurs d'hybrides provient du mélange des Dactylorhiza sambucina jaunes avec les tons rouges des Dactylorhiza romana.
|
||
De retour à la maison, je peux confirmer notre observation. La cartographie récente des Orchidées de Sicile a été publiée dans le compte-rendu de l'année 1995 de la société des sciences naturelles de Wuppertal. Cet article décrit des populations remarquables d'innombrables hybrides dans les forêts de montagnes des Madonies et des Nebrodies, vertes tout au long de l'été, qui ont conduit à un spectaculaire phénomène d'introgression. D'ailleurs, Dactylorhiza romana aussi bien que Dactylorhiza sambucina sont limités au nord-est de l'île. Le bois de châtaigniers que nous avons découvert pour notre pique-nique se révèle être très intéressant du point de vue botanique. A côté des Dactylorhiza romana (seulement rouge) et des formes intermédiaires avec Dactylorhiza sambucina, nous trouvons également le premier et le seul véritable individu d'Orchis morio de tout notre voyage. Il doit s'agir de la station située la plus au Sud de l'île, car on ne le trouve seulement qu'au Nord-Est de la Sicile, dans chaque quadrant et jusque sur la côte. On ne s'explique pas encore pourquoi sa répartition sur l'île est aussi limitée. |
||
Quelques individus semblent indiquer des formes intermédiaires entre Orchis morio et Orchis longicornu. Evidemment, ces espèces se sont peu à peu hybridées à cause de leur habitat commun. Nous trouvons la confirmation chez Künkele et Lorenz (1995) qui constatent qu'Orchis longicornu et Orchis morio forment des populations de nombreux hybrides en Sicile. Un exemplaire paraît être un hybride entre Orchis morio et Dactylorhiza romana. Pour le moins, l'habitat, le feuillage et l'éperon mince, long, dirigé vers le haut dirigé nous le fait penser. Les hybrides intergénériques entre Orchis et Dactylorhiza sont rares et difficiles à déterminer. Un doute subsiste, qui ne pourra être levé que par une analyse génétique. Nous trouvons encore un exemplaire de Dactylorhiza romana jaune. Cependant, la variante à fleur rouge domine à environ 99%.
|
||
Nous constatons finalement qu'en une semaine nous avons pu observer la moitié des espèces d'Orchidées et quelques hybrides. Un plein succès! Nous n'avons malheureusement pas trouvé l'endémique et très rare Ophrys explanata, dont la période de floraison correspond bien avec les dates de notre voyage. Naturellement, nous n'avons pas pu trouver les espèces qui fleurissent seulement à la fin avril ou encore plus tardives. Le retard de la végétation dû au temps frais de la période pascale a eu également comme conséquence que nous n'avons malheureusement pas pu admirer les espèces que nous avions tant espérées, c'est-à-dire le rare et superbe Ophrys lacaitae et l'Orchis commutata.
|
||
L'autre moitié des espèces d'Orchidées de Sicile que nous n'avons pas pu voir mais qui sont données par la littérature sont, par ordre alphabétique : Anacamptis pyramidalis, Cephalanthera damasonium, C. longifolia et C. rubra, Dactylorhiza marcusii et D. saccata, Epipactis helleborine, E. microphylla et E. muelleri, Gymnadenia conopsea, Himantoglossum hircinum, Limodorum abortivum et L. trabutianum (?), Listera ovata, Neottia nidus-avis, Ophrys apifera, O. apulica (?), O. candica, O. fuciflora, O. phryganae (?), O. sphegifera, Orchis conica, O. italica nana, O. laxiflora, O. mascula, O. palustris, O. pauciflora, O. picta (?), Platanthera bifolia, Serapias cordigera et Spiranthes spiralis.
Photographie : Boîtiers Nikon F4, F3, objectifs 80-200, 24, 35 mm (Nikkore), objectifs macro 90 mm (Panagor), flash annulaire, pellicule dia Kodachrome 64 ASA. Copies papier Agfa Digi Print. Littérature choisie :
|
||
Galesi, R. |
Le Orchidaceae della Sicilia sud-orientale. Boll.Acc.GioeniaSCI.NAT 29, 1996
|
|
Galesi, R. |
Contributo alla conoscenza delle Orchidacee del territorio di Niscemi (Sicilia) e presentazione di due nuovi ibridi. Journ. Eur. Orch. 17(2): 252-284. 1995
|
|
Künkele, S., R. Lorenz |
Zum Stand der Orchideenkartiertung in Sizilien. Jber. Naturwiss Ver. Wuppertal 48, 21-115, 1995
|
|
Mark, C. |
Voyage d'étude de la S.F.O. en Sicili du 10 au 21 avril 1994
|
|
Paulus,H.; C. Gack |
Zur Pseudokopulation und Bestäubungsspezifität der Gattung Ophrys in Sizilien und Süditalien (1989, unveröff.)
|
|
Espèces découvertes :
Hybriden:
|